samedi 24 octobre 2020

Dire les choses telles qu'elles sont.

 

Dire les choses telles qu'elles sont.

 

Il aura fallu l'horrible meurtre de Conflans Ste Honorine pour qu'on sorte enfin des atermoiements politiques et des préciosités de langage. Il y a peu encore, mettre en garde contre les agissements de l'islamisme radical où dénoncer l'ambiguïté de certains propos valaient d'encourir l'accusation d'islamophobie et la réprobation d'intellectuels "engagés" dont on constate surtout, actuellement, le silence. En revanche, le tragique des événements fait que des personnalités qui donnaient l'alarme et qui se voyaient alors vertement critiquées retrouvent une soudaine audience. Comme quoi le réalité finit toujours par s'imposer…

Certes, il faut plus que jamais se garder de l'amalgame et faire la différence, mais il est tentant de rappeler à tous ceux qui accusaient les lanceurs d'alerte de stigmatiser les musulmans que ce sont précisément les fanatiques qui discréditaient une communauté religieuse qui, par la voix de personnalités respectées, les a ces jours derniers radicalement rejetés.

Ce n'est pas l'auteur de ce blog qui s'en plaindra et je voudrais rappeler là que je souligne depuis des années le rôle néfaste de la confrérie des Frères musulmans, qui me paraît responsable de ce que l'islamomogue Gilles Kepel nomme le "djihadisme d'atmosphère"*, cette imprégnation culturelle insidieuse qui affecte en particulier une jeunesse en quête d'identité.. Un récent sondage de l'IFOP révèle que 45% des musulmans de moins de 25 ans pensent que l'islam est incompatible avec les valeurs de la République.

Au risque de me répéter je reproduirai ici ce que j'écrivais dans ma contribution du 22 mai 2015, quand je rappelais ce que recouvrait l'idéologie du mouvement créé en Egypte, en 1927, par l'instituteur Hassan el-Banna pour combattre l'occidentalisation et revenir à ce qu'il considérait comme les valeurs fondamentales de l'Islam.

 Les 50 propositions formulées en 1947 par El-Banna traduisent ce rejet radical du modèle et des valeurs de l'Occident.  Sont condamnées la laïcité, qui est le masque de l'athéisme, la démocratie, qui prétend que la loi des hommes peut se substituer à celle de Dieu, la liberté individuelle, qui autorise le reniement et l'apostasie. El-Banna leur oppose le projet d'un état islamique régi par la charia, imposant une stricte discipline morale, interdisant la mixité, la danse, la publication de textes contraires à l'islam, intentions qui ne peuvent à l'époque que satisfaire les fondamentalistes wahhabites du Golfe et de la Péninsule arabique, futurs bailleurs de fonds de la confrérie. Parallèlement, la secte se structure au plan politique au point d'apparaître en 1949 à un éditorialiste du "New-York Times" comme "un mouvement à connotation mystique et fasciste".

C'est aussi le moment où les Frères musulmans s'organisent au plan international au sein du monde arabe sunnite, constituant un réseau qui ne cessera de s'étendre et qu'on a comparé à l'Opus Dei catholique, sinon à la Franc-Maçonnerie. L'objectif final sera clairement énoncé par Sayyed Qotb, véritable idéologue du mouvement : l'islamisation du monde entier et sa soumission à la charia, réalisation inéluctable de la volonté d'Allah.

 

Comme l'a déclaré en juillet dernier Mme Jacqueline Eustache-Brinio, rapporteure de la commission sénatoriale sur les réponses apportées à la radicalisation islamiste,  « les Frères musulmans cherchent à imposer leurs vues par des réseaux d'associations, par la recherche de la reconnaissance par les pouvoirs publics et par l'entrisme sur les listes présentées aux élections, comme l'ont montré les municipales de 2020 ». Et de poursuivre : « Ils cherchent à déstabiliser notre société, et à se faire reconnaître le droit de régenter la vie des personnes de confession musulmane, pour les isoler. » Le constat est sans appel et le terme de "séparatisme" ne paraît pas à ce propos contestable.

Il faudrait qu'à une heure de grande écoute, à 21 heures par exemple, une chaîne de la télévision publique, en présentant un reportage-documentaire très circonstancié, éclaire l'opinion sur les manœuvres de ce qu'il faut bien appeler une secte et rappelle qu'elle inspire aussi la politique ce certains états, à commencer par la Turquie de R.T. Erdogan.

 

* Tribune dans "Le Monde" du 21 octobre 2020.