Il serait
regrettable que par un fâcheux mécanisme mimétique, la droite parlementaire
reproduise à l'égard du président Hollande l'équivalent du stupide
antisarkozysme systématique qui caractérisa la précédente opposition. Dans les
circonstances actuelles, les voix qui évoquent l'impréparation dans l'opération
au Mali ou qui soulignent, en en rendant le pouvoir responsable, l'isolement de
la France ne font que reprendre, en la retournant, l'antienne médiatique qui
accusait inlassablement le président Sarkozy d'improvisation. Elles légitiment ainsi une attitude qui
conduisit des gens qui s'affirmaient de gauche à manier, apparemment sans en
prendre conscience tant leur emportement les aveuglait, des concepts et un
vocabulaire généralement réservés à la droite extrême.
Souvenons-nous
de ces prétendus humoristes daubant sur des traits physiques ou glissant des
sous-entendus salaces concernant la vie privée, de cet éditorialiste connu dont
le magazine afficha inlassablement en couverture pendant cinq ans insultes et
insinuations offensantes. Ce dernier ne manquait pas de décrire le président
Sarkozy comme une sorte d'aventurier parvenu fasciné par l'upper class et couvrant de faveurs "les riches" jusqu'au
jour où lui-même, assimilant le geste prêté à DSK dans un grand hôtel de
New-York à un "troussage de domestique", donne ainsi en direct et
sans fard la mesure de sa proximité du peuple… A-t-on oublié ce journaliste qui
officia au "Monde" avant de créer un célèbre site en ligne et qui osa
traiter le chef de l'Etat régulièrement élu de "délinquant
constitutionnel" ? Il serait grandement dommageable de recommencer le même
harcèlement à l'égard de François Hollande même si celui-ci se montra parfois
complice de ces débordements. Ils sont indignes et inappropriés au moment où
Hollande s'inscrit précisément dans la ligne de ce que Sarkozy offrait de mieux
: le courage et la détermination.
Les enjeux,
d'autre part, sont trop importants. Même s'il déguise encore l'adversaire sous
la vague dénomination de terroristes, chacun sait que c'est à l'islamisme
radical que le président Hollande a déclaré la guerre. Au Caire, le régime des
Frères musulmans ne s'y trompe pas, lui qui voit dans le salafisme et ses
prolongements djihadistes l'avant-garde un peu turbulente du combat pour la charia et qui les encourage discrètement
: le président Morsi est l'un des rares chefs d'état à se désolidariser de
l'entreprise française.
Dans ces
conditions, critiquer dans le seul but d'affaiblir à des fins médiocrement politiciennes
est dérisoire et consternant et ce n'est pas parce que maintes personnalités
aujourd'hui au pouvoir se le sont permis naguère qu'il est bon de les imiter.
François Hollande bénéficie de la sidération des médias qui firent leur miel de
l'antisarkozysme et que sa politique actuelle plonge dans le désarroi, il est
inutile et dangereux de leur apporter les arguments propres à nourrir de
nouvelles invectives.