jeudi 25 octobre 2012

Y aurait-il une erreur de casting ?




Le reproche qu'on pourrait adresser au président Hollande et à son premier ministre ne serait-il pas de se tromper de république ? Régime présidentiel gaullien devenu sous Mitterrand monarchie élective, la V° République s'est transformée, suite à la réforme Jospin de 2000, en hyperprésidence assurant pour cinq ans la toute-puissance de l'exécutif. Peut-il en effet en être autrement dans un système où le Président quinquennal, issu du suffrage universel, bénéficie du soutien d'une Chambre élue dans la lancée elle aussi pour cinq ans et qui lui sera à coup sûr acquise ? Plus que jamais, le pouvoir est à l'Elysée, le Premier ministre se trouvant réduit à n'être plus qu'une sorte de super-chef de cabinet. L'étrange reste que ce dispositif, qui investit le Président d'un pouvoir qu'aucun chef d'Etat français n'a connu depuis le Second Empire, ait été conçu et mis en place par un gouvernement de gauche. Il demeure là comme  une énigme…
Cela dit, il paraît évident qu'un tel type de gouvernement appelle un certain profil d'homme d'état qui conjugue autorité, rapidité de décision, détermination et pragmatisme. Nicolas Sarkozy s'y est essayé, de façon souvent trop précipitée et quelque peu brouillonne, mais non sans résultat dans des circonstances complexes. François Hollande, qui s'est posé comme prenant le contre-pied absolu de son prédécesseur, semble en revanche assez souvent à contre-emploi. Homme de négociation et de compromis qui s'est montré capable de maintenir l'unité d'un PS déchiré par les rivalités internes, il paraît moins à l'aise dans cette position de chef suprême qui a nécessairement le dernier mot. Sans véritable expérience de gouvernement et brusquement projeté au sommet du pouvoir, il temporise, biaise, crée des commissions et ouvrent des concertations qui permettent surtout aux divers lobbies de se déployer et dont les résultats sont parfois peu convaincants, comme on vient de le constater suite aux discussions avec les syndicats médicaux à propos des dépassements d'honoraires. Le Président (comme le Premier ministre) semble avoir du mal à décider lui-même et à trancher.
Peut-être cette carence est-elle la conséquence directe du mode de désignation du candidat mis en œuvre en 2011  par le PS : la primaire. Ce genre de procédure conduit presque nécessairement à promouvoir la personnalité qui fait consensus, celle en qui les divers courants se reconnaissent, soit (pour parler plus cruellement) celle qui dérange le moins. François Hollande répondait assez exactement à ce portrait, celui d'un parfait Président du Conseil de la IV° République !
Evidemment, on constatera que ce profil est sans doute le moins adapté aux exigences de l'hyperprésidence et des temps difficiles que nous traversons. Il est remarquable qu'en à peine plus de six mois, la personnalité qui émerge d'un ministère pléthorique et dont la popularité ne cesse de croître alors que celle du Président s'affaisse est le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, dont la résolution, la présence, l'autorité répondent à l'attente de l'opinion et projettent dans l'inconscient collectif l'image de ce que devrait être le chef de l'Etat dans le quinquennat tel qu'il existe.
Evidemment, une solution serait de revenir sur ce mécanisme de l'hyperprésidence, mais peut-on y croire quand on sait que Lionel Jospin, père de ce système, préside précisément la Commission de rénovation et de déontologie de la vie publique…

Octobre 2012

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